Agnès FABE : Formation Sculpture

Une histoire de famille…
Formée à la sculpture par Magda NEMETH prix Casa Velasquez de sculpture en 1965, j’ai suivi parallèlement des cours de modèle vivant. J’ai connu différents ateliers dont notamment celui d’Armand DEBÈVE.
Magda NEMETH a été élève de Hubert YENCESSE, lui même élève d’Aristide MAILLOL et de POMPON.
Elle a côtoyé les ateliers de CESAR, de Henri Georges ADAM, de Marcel GIMONT et de ZADKINE…( ci-dessous quelques photos des élèves de Hubert YENCESSE dont Magda NEMETH et Jacqueline DEYME ) avec une Interview de Virginie

Hoffmann « Confidences d’artistes » Fr3 sur le travail de Magda NEMETH.

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Armand DEBÈVE , sculpteur du nord a été  élève d’Émile MORLAIX.

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L’originalité de cet enseignement est son attache particulière à une permanence de l’art par une maîtrise des techniques ancestrales. J’ai baigné dès mon plus jeune âge dans la tradition technique (modèle vivant, plâtres, dessin, sculpture) avec l’exemple de mes deux parents : Magda NÉMETH et Armand DEBÈVE.
Forte de cet héritage, l’intérêt de mon travail actuel en tant que sculpteur et plasticienne est de lier cette prégnante application traditionnelle avec la production actuelle. En cela, notre siècle ne manque pas d’ouvertures. L’art n’a jamais été aussi affranchi, foisonnant et divers qu’à l’heure où nous sommes. Mon challenge le plus ambitieux serait de construire un trait d’union entre l’ancien et le nouveau. Loin du modèle, tout en gardant une empreinte kinesthésique de celui-ci, mon travail se dirige de plus en plus vers la composition et la scénographie.

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(ci-contre : lien vers un documentaire de l’INA, véritable petit bijoux concernant les artistes et professeurs qu’ont pu connaitre les élèves des Beaux Arts de Paris comme Magda NEMETH dans les années 60.)

 

Exposition 2023 « Un art de famille »

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La sculpture en quelques mots

Je travaille essentiellement la terre : argile rouge, noire et blanche.
Je peux réaliser des sculptures ou des bustes sur commande en bronze, en terre cuite, en pierre, en papier mâché, en cire, en résine, en bouse de vache… mais ma première ébauche sera toujours en terre après dessin et croquis d’étude. La terre a ses avantages et ses inconvénients. Je dessine aussi et fais des croquis d’études. Malléable mais lourde, la terre nécessite l’emploi d’armatures. Il faut souder et construire un soutien et ce travail devient très complexe quant on aime l’aérien comme moi. 
Actuellement,  je cherche l’association d’autres matières (métal,minéraux, verre). En réalité je suis plus intéressée par la composition dans l’œuvre que par la matière elle-même mais celle-ci peut toujours nous surprendre… Des  matériaux tels que la terre cuite, le verre, le bronze ou le bois ajoutent quelque chose de précieux, une authenticité, des raisonnances…

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Amoureuse du corps, de son architecture, de son entité charnelle et gestuelle… le travail autour du mouvement me passionne. Thème inépuisable pour sa richesse plastique et linguistique, la danse ou le cinéma par exemple apporte à la sculpture des particularités scénographiques remarquables et une approche du corps qui enrichit mon travail de sculpteur.

Active dans plusieurs ateliers d’art dont précédemment aux « Têtes de l’art » puis à « l’Arrivage » de Troyes, il est maintenant possible de voir mon travail dans mon atelier personnel à Berluvier. Je suis par ailleurs infographiste et webdesigner. L’infographie est une passion que j’ai découverte en 2011. La création de sites ainsi que le graphisme destiné à l’impression enrichissent considérablement mon travail de plasticienne et inversement. L’instrument informatique est un outil formidable pour les artistes en quête d’innovations. 


Aperçu Créations diverses : Art et Infographie


Expositions Diverses

 


Inspirations

illustration féerique, ascétisme oriental, art cistercien, maniérisme de l’art nouveau…

Alfons MUSHA : http://lartnouveau.com/artistes/mucha.htm

Le Musée Gustave MOREAU : http://musee-moreau.fr

Gennady SPIRIN : http://gennadyspirin.com/ 

Edouard DULAC :  http://poulwebb.blogspot.fr

Le Musée GUIMET : http://www.guimet.fr

Abbaye de Fontenay : http://www.abbayedefontenay.com/fr

FONDEUR : 
Fondeur et mouleur Cédric DELORME : http://www.delormecedric.sitew.com/#Accueil.E

ATELIER – MUSÉE  d’ÉTÉ (en cours) – CHAMBRES D’HÔTES

Notre « Charmante maison de campagne en forêt d’Othe », est située dans un écran de verdure au sein du Pays d’Othe, vous pourrez profiter pleinement du grand air, vous ressourcer en trouvant calme et sérénité, sentir les mille parfums de nos forêts.
Pour votre confort et votre quiétude, vous disposerez entièrement de l’étage. Vous disposerez d’une salle de douche à l’italienne, wc, deux chambres pour 6 personnes et 1 enfant, comprenant 2 lits doubles, 2 lits simples et un lit enfant.
Vous pourrez également faire du vélo, visiter notre atelier d’art face à la maison ou même vous exercer si le cœur vous en dit au dessin ou à la sculpture.

Il ne reste plus qu’à poser vos bagages, profiter de votre séjour et découvrir les richesses et merveilles du territoire Othe-Armance.  hameau-berluvier-agnes-fabe-airbnb-musée-atelier

 

ATELIER SCULPTURE – MUSÉE  d’ÉTÉ (en cours)

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Différents contenus et techniques

Sculpture et modelage : terre cuite ou cellulosée, papier, fil de fer, carton, bande de plâtre, cire, pierre

Dessin : pastel, fusain, sanguine

Moulage : plâtre, élastomère, estampage terre et cire

Animation : Saisie image par image et montage vidéo, animation Flash (en projet)

Conceptions graphiques : Photoshop, Indisign, Illustrator (en projet)

Montage vidéo : Première (en projet)

Conférences : Histoire de l’art

Différentes activités

  • Ateliers et stages en période de vacances scolaires notamment l’été pour mieux profiter des chambres d’hôtes et de la forêt d’Othe entourant le hameau de Berluvier

  • Ouverture du Musée en été 2021
    Plus d’une centaine de sculptures et dessins de Magda NÉMETH seront exposées dans  le musée ainsi que le travail d’Agnès FABE et de Marie FABE, toute une génération de femmes artistes qui dans la tradition ont transmis des savoirs et des savoirs faire.agnes-fabe-marie-fabe-magda-nemeth

  • Toute personne désirant exposer et organiser des vernissages peut s’adresser à l’association du musée.

Encadrés par Marie FABE licenciée en Art Visuel à l’université de STRASBOURG, Agnès FABE formée au Beaux-Arts et à l’infographie. Participation exceptionnelle de Magda NEMETH professeur d’Art Plastique aux Beaux-Arts et à l’IUFM.

 

 


Conversation sur l’art

Questions-réponses : « l’Atelier du Berle », halle circulaire d’Ervy-le-Châtel  février 2017

Quel regard portez-vous sur votre travail, sur vos choix ?

Quand on commence à travailler, le champ de création est tellement vaste qu’il est très difficile de faire des choix. Comme un bateau en pleine mer, on ne sait pas où se diriger. C’est dans cette situation étrange que l’on découvre qui on est exactement. En art, il existe plusieurs voies… Pour ma part, j’en ai expérimenté  deux :

  • soit je décompose. de manière freudienne…  alors la démarche artistique devient une sorte de psychanalyse  dramatique, un exutoire, un lâché-prise iconoclaste livré à l’inconscient et à sa richesse.
  • soit  j’essaie de construire ou de composer une iconologie.  Je cherche à saisir l’essentiel, l’infrastructure de ce qui m’entoure, de ce qui résonne en moi dans une logique similaire. Entre signifiant et signifié, l’art nous permet de transfigurer ou de résumer en quelque sorte nos perceptions… Finalement nous sommes le mélange du poreux et du structuré. Depuis la préhistoire où l’empreinte du règne animal déployait son importance sur les parois de nos grottes, jusqu’à l’art nouveau qui transcrit l’infini variance de l’ascension du végétal vers la lumière, l’impact du réel et de son mystère (ou de sa magie) résonne en nous.

Comment définissez-vous votre style ?

Mon style s’attache à l’idée de la grâce dans le sens magique du mot : une chose volatile qui s’investit ou non dans la forme. J’aimerais rendre présentes mes sculptures comme des être bienveillants… Figures hiératiques de sagesse ou corps déliés dans le mouvement, je souhaite que ces formes parlent aux plus simples comme aux plus cultivés. Il n’y a pas de détours, pas de codages, seul l’expression d’un désir premier…. L’image renvoie sans ambages à notre propre corporalité,  miroir de nos sensations, incarnat de nos sens. Elle a pour finalité de nous guider vers un ailleurs, de sortir de « nous-même ». Notre native subjectivité limite notre perception, l’art nous permet d’enrichir des points de vu et de voir autrement. L’humain est autre chose que lui-même et c’est « cet autre chose » qui  m’intéresse.

Pensez-vous vous inscrire dans un courant particulier ?

Si je devais définir un nom de mouvement , je dirais que j’appartiens à un mouvement sophro-artistique :
sôs (« bien portant »),  φρήν / phrến (« conscience »).
Mon travail cherche la « catharsis » : d’un point de vue platonicien, il tente de séparer le bon du mauvais pour prendre le bon. Pour le chaman, je chercherais l’équilibre des entités qui habitent les êtres. Pour Freud, je chercherais la sublimation de mes pulsions par une remémoration affective et positive de mes thésaurisations empiriques. Pour les religions transcendantales ou immanentes, je chercherais la lumière, l’équilibre parfait, le nirvana, le miracle, la transfiguration . Dans le fond, toutes ces démarches semblent être liées.

Quelle est votre démarche, comment procédez-vous dans votre travail ?

La gravité, l’apesanteur, la bipolarité, la vitesse, la force centrifuge sont des phénomènes qui m’intéressent. L’expression de ces forces offre d’incomparables variétés  de composition. Je construis des corps ou un ensemble de corps à l’aide d’armature. Je rassemble plusieurs documents anatomiques et photographiques qui me servent de support. Je scénographie des ébauches et laisse à ma mémoire kinesthésique le soin de construire le reste. J’invente les corps et les visages. L’expérience du portrait et du modèle vivant m’aide parfois. Pour moi, la technique n’est pas une finalité en soi mais un moyen d’être libre. Je construis les différents plans et rythme les masses afin d’obtenir une fluidité, un équilibre dans le mouvement.

Quelle est l’œuvre qui vous a le plus frappée ?

L’Aurige de Delphes par sa présence extraordinaire. J’avais vu l’Aurige en plâtre aux  Beaux-arts et franchement je ne l’aimais pas. Quand je l’ai vu à Delphes, j’ai eu un choc.

Quelles sont vos sources d’inspiration, vos influences où références artistiques ?

J’aime l’Égypte, l’art perse, l’art cistercien pour l’épuration des formes. La forme devient un concept canonique qui résume l’idée essentielle.

En second lieu, et là, il s’agit d’un domaine tout à fait différent, j’aime Gustave KlLIMT, l’art nouveau, Alfons MUCHA, Antoni GAUDI mais aussi les illustrateurs de conte de fées comme Genady Spirin, Edmond DULAC auquel s j’adjoins le peintre Gustave MOREAU

Enfin depuis l’aube des temps,  la richesse des mythes qu’ils soient de Grèce ou d’ailleurs constitue un autre imaginaire, un imaginaire chargé de sens, de représentations et d’histoires… Les analogies, les archétypes, les symboles et les chimères parlent. Dans leurs fantaisistes invraisemblances percent d’éclairantes et dramatiques vérités, toutes aussi viscéralement humaines et  incontournables…

Mes inspirations oscillent entre un ascétisme qui exprime une intériorisation par la concentration et l’épuration de la forme et un monde tout autre, peuplé d’idées féériques et d’extrapolations qui exaltent un ailleurs affranchi de toute réalité.

Quelles sont vos motivations profondes?

Faire du bien au sens sophrologique. J’ai une vision à la fois épicurienne et acétique de l’art. Le bien dont je parle ne répond pas à l’éthique. La forme a sa propre éthique. Il suffit d’aimer la forme, sa présence charnelle, sa sensualité, ce qui vit en elle dans le sens constructif, premier, sain et  logique. Il y a une sorte de prosaïsme primaire et cohérent qui construit la forme sans détours, authentique, brute et proportionnée. Elle s’équilibre par magie comme un arbre qui compose  avec les accidents du temps et de l’espace.

Pour vous, quelles doivent être les qualités d’un artiste ?

La profondeur… la fragilité… la force… la sensualité (l’amour de la matière) … la réceptivité… le don ou l’abandon de soi… la clairvoyance… la mise en question… la joie… la curiosité…

Il existe des thèmes majeurs dans votre travail comme la femme, le couple, la danse ou le portrait.. Pourriez-vous nous en dire plus ?

Pour l’instant, j’ai choisi le corps humain comme vecteur d’expression parce que le corps est celui qui nous incarne. La sculpture reproduit cette incarnation et induit des valeurs ou entités qui se manifestent en elle. Une sculpture peut « être là »… on peut la rendre vivante… significative et l’acte de créer devient alors magique. Par un jeu de réflexions le corps parle, la sculpture aussi. La création artistique met en place des « avatars » qui nous révèlent à nous même.

En sanskrit « l’avatar » a une fonction : « L’ayant façonné, il y entra. » (Taittirîya Upanishad, II, 6).« Pour la sauvegarde du bien, déclare Krishna dans la Bhagavad-Gîta, pour la destruction du mal et pour le rétablissement de la loi éternelle, je m’incarne d’âge en âge. » (IV, 8). L’avatar est l’incarnation d’une divinité sur terre, en réponse à un besoin de l’humanité… Il est une sorte de réceptacle.

A quoi sert l’art ? Pour vous quel rôle a l’artiste ?

L’art est une catharsis et l’artiste en serait le chaman.

Que voulez vous exprimer dans votre travail ? Voulez vous transmettre un message ?

Mon objectif est essentiellement tourné vers une représentation sophrologique et positive du corps. La corporalité sculpturale a pour moi une fonction thaumaturge, cathartique dans le sens grecque du terme : « nettoyer, purifier, purger ». L’œuvre n’a de sens que comme « objet de soin » et a pour objectif d’opérer en une sorte de métamorphose, une « métamorphose » qui pour l’instant dans mon travail s’est manifesté dans deux sens différents :

  • vers l’introspection: où elle a pour fonction de diriger le regard vers des notions d’équilibre, de sérénité intérieure. C’est le cas de « Songe » ou de « Ressource » par exemple.
    Tournée vers ce qui n’est pas visible, la sculpture est en quête d’une intériorité propre, sa « présence intérieure », une présence en soi.
  • vers l’extraversion: l’extrapolation lyrique, emphatique ou même hyperbolique de la forme, a pour fonction de dépasser les limitations existentielles qui nous conditionnent et de nous ouvrir vers un ailleurs. La forme génère par la mimesis et le mnésique des sensations.  La sensation de voler, de chuter ou de s’étirer, qui nous amène à une sorte de « décorporation ». Cette extrapolation de la forme est l’expression d’un désir d’affranchissement (affranchissement de la gravité, de la raideur, des impuissances…). L’œuvre soigne les blessures d’un « fatum predispositionnel » par une extension des limites et une idée de toute puissance.

Dans les deux cas, l’idée du bien-être est visé. Le souffle ou le verbe révèle l’essence derrière l’existence… L’art rend visible le feu qui nous traverse.  Il chante les louanges des choses cachées.

« L’essentiel est invisible pour les yeux. » et c’est cet invisible qui importe à mes yeux.

 

Agnès FABE

Conversation complète page « Revue de presse »